La tisane, c’est pas anodin

Tisane ou eau chaude ?

Qui n’a jamais bu une tisane ? Pas moi ! 
Il fut une époque même où je ne buvais que ça.Durant mes études d’Ayurvéda, j’ai pris conscience de l’importance de boire de l’eau, H2O, sans plante à l’intérieur, donc sans tisane. Je buvais jusqu’à 2 litres entre les différents thés (vert, noir, Rooibos, pour mes préférés) et les tisanes (verveine, menthe pour mes favoris) et seulement 1 à 2 verres d’eau par jour. Résultat : ma peau une véritable catastrophe entre la rugosité, la sécheresse et les boutons, ainsi que l’état de mon côlon chroniquement bouché. En fait, je n’avais pas compris que H2O, c’était de ça que mes cellules avaient besoin. Je ne vous dis pas comment je me suis fait sermonnée par ma prof en 2007, qui prône – à juste titre – d’incarner ce que l’on transmet aux autres. « Pour être crédible, Alex, tu dois appliquer ce que tu conseilles. » Donc voilà, comment je me suis convertie à l’eau chaude. Aujourd’hui, j’en bois quotidiennement 2 litres. En ce qui concerne les thés et tisanes, c’est très occasionnel. Bilan de cette reconversion : une peau douce et lisse, rajeunie et l’acné est un lointain souvenir. Quant à mon côlon, il se porte à merveille. Ma prof a eu raison de me secouer et je l’en remercie du fond du coeur.

Je vous raconte mon histoire parce que je vais vous parler des tisanes sous le regard de la phytothérapie. Et pour faire une tisane, on a besoin d’un excipient simple : de l’eau. Lorsque je pose la question à mes patients combien d’eau ils boivent par jour, la plupart me répondent « entre les thés et café, ça fait 2 litres par jour », parce qu’ils croient que le thé et le café ça compte comme de l’eau, puisque c’est l’ingrédient principal. Mais NON !!! La composition chimique d’une telle boisson ne peut pas être que H2O, mais une formule chimique beaucoup plus complexe. Et en tant que telle, pour être métabolisée, le processus de digestion va être enclenché. Donc, thé, tisane et café sont à considérer comme des aliments liquides et non comme de l’eau. Chaque plante sous forme de tisane amène des principes actifs spécifiques pour une indication spécifique.

Depuis des milliers d’années, l’Homme s’est nourrit et soigné avec les plantes. La pharmacopée de l’époque utilisait des plantes fraîches qui pouvaient par exemple être broyées et appliquées sur des plaies ou mélangées à de l’eau pour des décoctions ou tisanes. Les plantes pouvaient aussi être séchées et/ou réduites sous forme de poudre, également mélangées à de l’eau pour être prise comme remède. Les anciens guérisseurs préparaient aussi des onguents en mélangeant les plantes à des corps gras, des alcools médicinaux, des teintures, etc. Bref, la phytothérapie est la plus ancienne médecine présente aux quatre coins de la Terre.

Les tisanes font partie de la phytothérapie (thérapie par les plantes)

Le mot tisane vient du grec et veut dire « orge mondé ». A l’époque, les grecs séparaient les impuretés de l’orge pour en faire des décoctions.

Nous buvons quasi tous des tisanes pour la digestion, pour le moral, pour dormir, pour le mal de gorge, pour se réchauffer, pour faire monter le lait (maternel), pour calmer des douleurs, pour le plaisir. Bref, chacun a ses motivations pour en boire. Mais savez-vous tout sur la tisane ?

Une tisane est un médicament magistral, dont l’excipient est toujours de l’eau, qui est administré lorsqu’il s’agit de drainer le corps. Les plantes devant servir à la tisane doivent être mondées et divisées afin d’offrir une plus grande surface pour l’extraction des principes actifs. L’eau également doit être choisie aussi pure que possible (pas de sulfate ou de bicarbonate de calcium) sous peine de modifier son goût. La tisane permet d’extraire les composés hydrosolubles des plantes. L’eau chaude, en particulier, fait encore éclater les cellules végétales pour en libérer d’autres principes actifs.

Vu comme cela, on se rend bien compte que la tisane n’est pas anodine.

Avec la tisane, on prend la plante en l’état. Cela dit, la plante peut être ajoutée fraîche à l’eau ou bien elle peut être séchée. Là aussi, on ne va pas retrouver exactement les mêmes composés. La tisane, grâce à l’action de l’eau, permet d’extraire un maximum de composés hydrosolubles.

On distingue plusieurs façons de préparer une tisane. La tisane thérapeutique est cuite longtemps pour obtenir un concentré; elle sera donc saturée en eau.

  • L’infusion s’obtient en mettant la plante dans un récipient dans lequel on rajoute de l’eau bouillante (dès les premières ébullitions la casserole est retirée du feu), puis on couvre le mélange pour qu’il infuse entre 10 à 20 minutes. Après quoi, on filtre et on boit le mélange chaud à tiède. Cette méthode est idéale pour les parties nobles de la plante telle que les sommités fleuries.
  • La macération consiste à mettre en contact la plante avec de l’eau à température basse constante, sans la faire bouillir. L’extraction des principes actifs se fait donc à froid. Ce processus est plutôt lent et il est possible qu’une fermentation se produise.
  • La décoction se réalise en faisant bouillir à basse température la plante dans l’eau pendant 10 à 20 minutes. Ensuite, on filtre et on boit la décoction à  la température requise. Ce procédé est idéal pour les racines des plantes, le chiendent ou le lichen. Il est à noter que la décoction ne convient guère aux plantes amères, comme la réglisse ou l’aunée.

Voilà 3 façons de faire une tisane. Et ces 3 façons ne vont pas extraire les mêmes principes actifs. Par exemple :

  • les fleurs de tilleul en infusion apporte un effet sédatif et calmant, tandis
    que la décoction de tilleul a un effet qui fluidifie le flux sanguin grâce aux flavonoïdes.
  • la décoction de prêle préalablement séchée délivre des flavonoïdes qui auront un effet diurétique, alors que la prêle sous forme de gélule est très riche en silice, donc hyper reminéralisante, idéale en cas de fatigue.

J’aime bien l’exemple de la prêle, parce qu’il démontre que les plantes, suivant leur forme galénique, ne donneront pas les mêmes principes actifs donc pas les mêmes effets ni les mêmes indications.

En général, il est préférable de renoncer au sucre pour édulcorer une tisane. Le sucre fermente facilement et provoque ainsi des troubles digestifs (ballonnements). L’aspérule odorante rajoutée en petite quantité permet d’améliorer le goût de la tisane sans en modifier ses propriétés. On peut aussi utiliser du miel selon les cas.

Les tisanes les plus courantes

Camomille : calme la digestion, elle est indiquée en cas de troubles digestif. Aussi indiquée en cas de refroidissement, car elle apaise les courbatures et névralgies, également juste avant les menstrues  en cas de migraine; elle est aussi miraculeuse en cas de conjonctivite, auquel cas, on fait des compresses sur les yeux avec la tisane. La camomille est douce, bienfaisante et a quasi aucune contre-indication.

Fenouil : bien connue des mamans qui allaitent, car le fenouil a une action galactogène (qui fait monter le lait). Le fenouil est aussi bien connu en Asie pour ses propriétés digestives, la tisane apaise les flatulences et attise l’appétit, calme aussi les douleurs menstruelles.
Précaution : hallucinogène à forte dose, peut aussi provoquer des allergies, des convulsions.

Mélisse : calme et apaise l’irritabilité, l’agitation et les états d’anxiété et les troubles du sommeil, elle soulage aussi les spasmes gastro-intestinaux. La mélisse a aussi un effet régulateur sur le système cardiaque.
Précaution : avec certains médicaments (sédatifs, calmants), elle accentue les effets de l’alcool

Menthe : bien connue en Afrique du nord, le thé de menthe se boit chaud par temps chaud. La tisane de menthe soulage les troubles digestifs (digestion difficile, ballonnements, flatulences), calme les inflammations du système respiratoire et apaise les douleurs articulaires, musculaires ou les maux de tête.
Précaution : peut provoquer des troubles intestinaux et des maux de tête et aussi des risques d’hypertension qui ont également été signalés, ainsi que la mort par action sur le bulbe rachidien

Thym : le thym est réputé pour ses vertus antiseptiques et purificatrices de la sphère respiratoire et digestive, très efficace donc en cas de grippes, rhume, angine et refroidissement. Les infusions de thym ont aussi un effet anti-parasitaires (ascaris, oxyures), soulage la diarrhée et soigne les infections intestinales.
Précaution : il peut être hypertensive à forte dose et attention à la vitamine K (anticoagulant)

Sauge : la sauge est astringente et antiseptique indiquée en cas de mal de gorge, calme les douleurs abdominales, anti-inflammatoire buccal (aphte, amygdalite), elle régule aussi la transpiration (bouffées de chaleur)
Précaution : elle stimule le système hormonal ! A forte dose, elle peut provoquer nausées et vomissements

Verveine : calme les douleurs abdominales, facilite la digestion et soigne la diarrhée, elle a aussi des vertus anti-inflammatoires au niveau des articulations (rhumatismes) et apaise le système nerveux en cas de migraine, anxiété et vertiges.
Précautions : allergie possible, interaction avec les enzymes du foie

Idée de tisane idéale au printemps pour la digestion (foie et vésicule biliaire)

Verser 2,5 dl d’eau bouillante dans une tasse et ajouter 1 cuillère à café de Romarin séché. Laisser infuser 10 minutes.
Pour plus d’efficacité, vous pouvez rajouter du jus de citron et du miel.

Cette tisane convient également en cas de spasmes abdominaux et de toux hivernale. Vous pouvez en boire jusqu’à 3x/jour sur une période de maximum 3 semaines.

Les tisanes sont bien des médicaments aux plantes ! Donc en boire, ce n’est pas anodin.

Boire de la tisane de temps en temps, c’est excellent car elles permettent de drainer l’organisme, apaiser ou stimuler. Il est bon aussi de varier les plantes non seulement pour le plaisir et pour ne pas accumuler des principes actifs pouvant être néfastes à terme.

Personnellement, je me suis convertie aux hydrolats et à l’eau chaude. Des tisanes j’en bois occasionnellement quand le besoin s’en fait sentir.

A vous de jouer 😉

Prenez soin de vous !
Alexandra